Jiri Turek

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On ne m'a pas menti, j'en ai bien sciĂ©... Partir sous la pluie, mettre 10h Ă  sĂ©cher, finir par 200km de dĂ©luges. Croiser StĂ©phane Brogniart. Faire moins de 24h. Epique. Les 10 001m de d+ sont un hasard complet, le tamagotchi n'a pas aimĂ© les dĂ©luges et a arrĂȘtĂ© de compter le d+ au bout de 6200m. Et la correction Strava a donnĂ© ce chiffre magnifique :) RĂ©cit complet : PrĂ©face L’aventure commence aprĂšs une trop petite nuit au moment du rĂ©veil samedi matin Ă  3h, DĂ©part de Strasbourg en voiture Ă  4h, arrivĂ© Ă  Saint-Amarin Ă  5h30. Jusqu’à lĂ  tout va trĂšs bien, en mĂȘme temps qui circulerait Ă  cette heure-ci. PrĂ©parer et remonter le vĂ©lo, charger les bagages sans en oublier la moitiĂ©, lĂ©gĂšrement sous-gonfler les pneus vu la trace prĂ©vue. Il s’agit d’ailleurs du seul changement pour l’occasion sur ma fidĂšle monture, je roule au quotidien avec des pneus costauds de 32mm. Dernier rĂ©glage des freins. Acte 1 5h49, le soleil commence Ă  se lever et je prends la direction du Col de Haag par la nouvelle et merveilleuse piste cyclable. Il pleut lĂ©gĂšrement, mais je suis assez bien protĂ©gĂ© par les arbres, et le moral est au top. En plus les nuages sont bas sur les montagnes et cela fait des panoramas magnifiques. Col du Haag, Markstein, et descente direction Lac de la Launch. ItinĂ©raire fait Ă  maintes reprises. La route forestiĂšre du Remspach direction Linthal reprĂ©sente la premiĂšre nouveautĂ© de la journĂ©e. Le revĂȘtement est bon et l’ambiance de la forĂȘt nourrie par les pluies abondantes du printemps est magique. Un premier secteur Gravel m’attend entre le Col de Boenlesgrab et celui de Firstplan. Les pneus de 32mm lĂ©gĂšrement sous-gonflĂ©s apportent autant de confort que de soutient. Puis, le gravel, j’aime ça. Direction Munster via Wasserbourg et Eschbach. Je rempli rapidement les bidons sur la place principale, et c’est parti pour les 21kilomĂštres d’ascension vers la station de ski de Lac Blanc par les petites routes dans les fins fonds de Stosswihr et Soultzeren. Ici les avertissements sur la qualitĂ© des chemins prennent tous leurs sens. Les chemins sont dĂ©foncĂ©s et des pneus gravel seraient certainement plus adaptĂ©s. Col du Wettstein, Lac Noir, Col du Calvaire. Il porte Ă©tonnement bien son nom celui-lĂ . Je me retrouve dans un nuage, avec une visibilitĂ© trĂšs limitĂ©e. En descendant vers le col de Bonhomme je croise la caravane de la « lĂ©gendaire marche Paris-Alsace », et plusieurs voitures de l’orga de la Granfondo Vosges UCI. Toujours dans les nuages jusqu’à la descente vers Plainfaing, puis par les petits chemins direction Xonrupt-Longemer et par les hauteurs des Goutteridos jusqu’à GĂ©rardmer. J’avance bien, la mĂ©tĂ©o est correcte, la fatigue ne se fait pas encore ressentir. La premiĂšre grande pause de la journĂ©e Ă  13h45 Ă  la premiĂšre boulangerie de GĂ©rardmer que je croise. Le compteur affiche 148km, 4100m de d+, et 19km/h de moyenne. Eau, coca, pizza, tartelette aux fraises, de quoi recharger de l’énergie pour la suite. Les prochains 50km s’annoncent assez faciles, surtout comparĂ©s au reste de l’épreuve, majoritairement descendants par des petites routes de campagne dĂ©sertes, ou on croise plus de vaches que d’humains. Il est 16h30, j’arrive Ă  Epinal, il faut toujours doux. Le compteur affiche 205km, 21 de moyenne et 5100m de d+. Il est 16h35, je commence Ă  grimper la cĂŽte vers le Parc du ChĂąteau, la derniĂšre du premier acte, et une averse arrive. Acte 2 Il pleut. Beaucoup. MĂȘme pas 15 minutes et je suis totalement trempĂ©. Le fait d’avancer me tient au chaud. A Archettes on se fait un signe de compassion mutuel avec un motard dans le mĂȘme Ă©tat que moi. Je savais que la pluie devait arriver, mais au fond de moi j’espĂ©rais que, pour une fois, la mĂ©tĂ©o se trompe. Puis, le mois de Mai, le mois le plus pluvieux depuis le dĂ©but des mesures Ă  Strasbourg, est dĂ©jĂ  terminĂ©. On dirait que Juin ne lĂąchera pas l’affaire. Sur cette seconde moitiĂ© du parcours, la thĂ©matique des Sagards, les anciens ouvriers des scieries du massif des Vosges, prend tout son sens. Les cĂŽtes ne sont pas longues, entre 3 et 5km, mais difficiles par leurs pourcentages. Et leur nombre. En regardant le profil on a rĂ©ellement impression de voir les dents d’une scie. Les petites pauses se multiplient, et je perds plusieurs minutes Ă  chaque fois. La motivation n’est plus trop lĂ , mais au fond de moi je sais que personne ne le fera Ă  ma place, et de toute façon ça ne sert Ă  rien de se poser, vu que je suis complĂštement trempĂ©. Se poser est le meilleur moyen de ne plus repartir. Je commence Ă©galement Ă  me rendre compte que mon Tamagotchi (l’appellation familiĂšre de mon Edge pour ses effets sonores distinctifs) a du mal Ă  faire grossir le dĂ©nivelĂ© positif affichĂ©. Il n’a certainement pas du aimer l’une des averses. Pas grave, on verra ce dĂ©tail plus tard, de toute façon il n’y a rien Ă  faire. Je tente quand mĂȘme la technique de « souffler dans le trou », mais sans succĂšs. Pas le temps d’y perdre le temps, et j’évite Ă©galement de le malmener trop pour ne pas perdre la navigation et la trace dĂ©jĂ  effectuĂ©e. Eloyes, La Forge, Sapois, Brasse-sur-le-Rupt, des petites villes et villages dont le souvenir est flou. Ils se ressemblent tous et je ne connais absolument pas le coin. De temps en temps je reconnais un carrefour ou une mairie vu auparavant sur StreetView pendant la prĂ©paration de la trace. Un jour je reviendrai pour visiter, promis. A un moment, dans une montĂ©e bien raide, j’entends derriĂšre moi une personne qui m’appelle. « Tu fais la Route des Sagards ? » Je retourne Ă  la derniĂšre maison, et lĂ  qui d’autre que StĂ©phane Brogniart (encore dĂ©solĂ© pour m’ĂȘtre trompĂ© de prĂ©nom, j’étais complĂ©tement dĂ©boussolĂ© Ă  ce moment). Un aventurier français bien connu dans le milieu qui habite dans le coin, qui a dĂ©jĂ  participĂ© Ă  l’épreuve, et qui a dĂ» m’apercevoir d’un coin de l’Ɠil par sa fenĂȘtre. On discute rapidement, il me propose de remplir mes bidons, et m’encourage pour la suite. Rencontre ultra rapide, mais qui booste Ă  fond le moral. Les prochains kilomĂštres avancent bien mieux qu’avant. A Saulxures-sur-Moselotte la nuit comme Ă  tomber, et c’est juste aprĂšs, dans la montĂ©e de Ferdrupt que je dĂ©cide de passer en mode nocturne : veste de pluie de randonnĂ©e pour l’instant gardĂ©e bien au sec, jambiĂšres, manchettes, gapette sĂšche. De quoi me tenir un peu plus au chaud. AprĂšs Ferdrupt j’arrive dans la Petite Finlande. Malheureusement la nuit est trĂšs sombre, les nuages ne laissent passer aucune lumiĂšre d’une lune dĂ©jĂ  trĂšs peu Ă©clairĂ©e, et en dehors de la route illuminĂ©e par mon phare je ne vois rien dans les environs. Faudra revenir un jour. La suite de mes souvenirs est un peu floue, entre les cĂŽtes interminables qui font mal, le noir omniprĂ©sent, la pluie, les chats aux abords des routes, le sanglier mastoc qui traverse Ă  un mĂštre devant moi comme si rien n’était, les descentes qui bouffent mes plaquettes de frein Ă  une vitesse jamais vu. Je me rappel juste de la cĂŽte que j’ai dĂ©testĂ© le plus, celle de Belfahy. L’arrivĂ© Ă  Thillot symbolise une certaine dĂ©livrance. Certes, il me reste encore 57km Ă  faire, mais pas les plus difficiles. 7km de voie verte, puis la montĂ© jusqu’au Grand Ventron divisĂ©e en 3 cĂŽtes assez roulantes avec des pourcentages moyennes Ă  5-6% et des maximaux dans les 11%. Et je l’ai dĂ©jĂ  fait par le passĂ©. MĂȘme la pluie me donne un peu de rĂ©pit sur cette derniĂšre difficultĂ©. Par contre un Ă©lĂ©ment gĂąche le plaisir, je n’ai pratiquement plus rien Ă  manger et la faim commence Ă  pointer le bout de son nez. Tant pis, on fera avec. Pour l’eau il n’y a aucun souci, les fontaines sont partout et vu la quantitĂ© d’eau tombĂ©e du ciel ces derniers temps elles sont loin d’ĂȘtre Ă  sec. Et au pire il y a toujours les ruisseaux forestiers transformĂ©s en torrents. Ou je peux tout simplement essorer mes habits. Pour lutter contre la fatigue je fais quelque chose dont je ne suis pas fiĂšre et que je condamne de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, je mets de la musique Ă  fond sur mon tĂ©lĂ©phone. Cela permet de me changer un peu les idĂ©es et me tenir concentrĂ©. La faune du massif du Ventron m’excusera. Il est 4h30 et j’arrive au Col de la Vierge, le dernier sommet de l’aventure. Il ne me reste plus que 26km de descente jusqu’au Saint-Amarin. Il fait Ă©tonnamment doux, et le moral est de nouveau au rendez-vous, et avec l’effort de cette derniĂšre heure j’ai pu mĂȘme un peu sĂ©cher. Pour terminer comme il se doit, Ă  2km de lĂ , une averse m’attend du cĂŽtĂ© alsacien du Col de Bramont, je vais donc quand mĂȘme terminer trempĂ©. Pas de folies dans la descente, les animaux sur les bords des routes sont omniprĂ©sents, et mĂȘme si mes pneus accrochent bien, la nuit et sans visibilitĂ©, les 15 virages en Ă©pingle sont traitres. Il ne reste plus que le passage rapide de la voie verte de la vallĂ©e de Thann en faux plat descendant et avec un lĂ©ger vent de dos. Au final la stratĂ©gie des 25 derniers kilomĂštres en descente n’était pas si mal que ça. Conclusion Il est 5h23, le soleil se lĂšve doucement, et j’arrive Ă  Saint-Amarin, le point de dĂ©part. Le compteur affiche 399.4km et 7220m de d+. Un petit tour de quartier s’impose pour arrondir la distance, mais le d+ final sera une surprise. 23:36:05 de temps Ă©coulĂ©, 20:36:50 de temps effectif, donc 3 heures de pauses. Sur ce point je suis un peu déçu, car Ă  mi-chemin je n’avais que 56 minutes d’arrĂȘts. Mais cela s’explique certainement par la difficultĂ© de la seconde moitiĂ© dĂ» Ă  la mĂ©tĂ©o, la nuit, les pourcentages affolantes, et tout simplement par la fatigue cumulĂ©e. Je peux enfin le dire, ce matin, je suis un Sagard. Et j’en ai bien sciĂ©. Merci au VĂ©lo Club Spinalien et Ă  Simon Remy pour cette Ă©preuve hors norme. Ps : Pour une fois la correction Strava fait des merveilles et affiche ce chiffre magique de 10 001m de dĂ©nivelĂ© positif. Que souhaiter de mieux. Garmin essaye de rattraper son coup en corrigeant mĂȘme plus haut, Ă  plus de 11k. Que c’est beau la technologie.