Anthony JOANNES

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La route des Sagards : rien que de nom, ça sent le vrai chantier comme je les aime. Une épreuve hors du temps, hors du commun et bien loin des standards habituels (je passerai sur l'historique et la génèse de l'évènement, l'organisateur le fait mieux que moi). Après avoir réfléchi à la fenêtre idéale (le massif et sa météo capricieuse...), je décide de me lancer ce samedi 26 Aout depuis Epinal, point de départ "officiel". Il est 05h43 quand je lance le chrono, j'ai pour objectif de finir la trace en moins de 24h. Ambitieux, certes, mais qui permet de maintenir le cap et de ne pas lever le pied à la moindre déconvenue. Le temps est couvert mais pas de pluie annoncée, la température est un peu fraiche, mais parfaite pour ce type d'effort. Contrairement à d'autres épreuves, je décide d'alléger ma monture au maximum vu le dénivelé annoncé (une seule sacoche de cadre, pas de change ni d'affaires outre mesure). Pour un gain de temps & charge mentale, je fais aussi le choix de ne faire aucun ravito mais d'être totalement autonome grâce aux victuailles préparées par mes soins. Les premiers kilomètres jusqu'à Eloyes sont roulants et permettent de faire chauffer le moteur tranquillement. Eloyes justement, et les Cuveaux, 1ère difficulté annoncée et 1ère surprise car la pluie fait son apparition. Pluie fine mais saisissante qui va m'accompagner pendant plusieurs kilomètres. Ce n'était pas prévu au programme, mais après tout, on est dans le massif! Je fais le deuil d'une météo plus favorable et continue à pédaler tempo pour maintenir le corps à température, et prends surtout mes précautions en descente sur une route détrempée. Clairement pas mon point fort... J'arrive assez rapidement à Sapois, puis à Gerbamont. 2ème surprise de la journée, la route que je dois emprunter et celles aux alentours sont fermées pour cause de rallye. Je dois prendre une décision, et vite. Renoncer? Pas question, je m'y prépare depuis trop longtemps. J'accepte la sentence et suis la déviation préconisée jusqu'à Vagney, pour ensuite rallier Saulxures par la voie verte. J'arrive donc à Saulxures avec 10kms de plus au compteur, pour reprendre l'itinéraire normal (Col de Morbieux). Bien décidé à tenir mon objectif initial, je sais qu'il faudra que je fasse l'impasse sur du confort et des temps de pause pour y parvenir. Pas le temps de tergiverser, je me remobilise et enchaine les difficultés. Le col des Chevrères et ses forts pourcentages commence à peser dans les jambes (avec une cassette de 30 à l'arrière, ce n'est pas l'idéal). Un peu de plat dans la vallée et de voie verte jusqu'à Bussang permettent de récupérer un peu. J'emprunte le col du Page puis le col de la Vierge, qui sont assez roulants et n'entament pas trop les jambes. J'arrive au col de Bramont, à nouveau trempé et saisi de froid par une averse qui vient de s'abattre. Décidemment, la météo a décidé de me jouer des tours aujourd'hui. J'entame la descente côté Alsace, et profite du plat et des températures plus clémentes de la vallée pour glisser tranquillement vers Saint-Amarin. De là, je sais qu'une dizaine de kilomètres d'ascension m'attendent jusqu'au Grand Ballon. Les 1ers kilomètres sont durs avec des pentes assez raides. S'ensuit le col du Haag dont le revêtement est tout neuf (c'est toujours ça de pris!). Arrivé au Markstein, je rebascule sur l'autre versant et poursuis ma route jusqu'à Linthal, puis Munster, RAS. On arrive en fin de journée, la fatigue se fait un peu sentir, mais les jambes répondent encore présent. Je me prépare à affronter la nuit, moment si particulier... Arrivé à Soultzeren quelques kilomètres plus loin, je tricote car mon GPS fait des siennes et me fait faire une boucle inutile. Le temps de m'en rendre compte, j'ai encore perdu un précieux temps et quelques kilomètres de plus dans la besace... Pas le temps de m'apitoyer sur mon sort, je retrouve la trace et prends la route qui mène aux Hautes-Huttes. La pente est régulière, le revêtement est bon : parfait pour progresser sereinement. Je passe à côté du Lac Blanc et Lac Noir et poursuis ma route jusqu'au col du Bonhomme, là aussi sans grande difficulté malgré les enchainements montées/descentes. La partie qui suit est beaucoup plus périlleuse, entre routes défoncées, pourcentages élevés, descentes sur les freins pour éviter les obstacles. J'essaie de maintenir une vigilance de tous les instants, mais le terrain accidenté et l'obscurité jouent clairement avec mes nerfs. Pour ne rien arranger, je casse un rayon en montée. Un petit check-up arrivé au sommet : la roue est à peine voilée, je plie le rayon et l'attache à un autre, il faudra bien que ça tienne jusqu'au bout. Je garde mon objectif en ligne de mire, et l'arrivée à Gérardmer qui acte pour moi la fin des difficultés. Un dernier détour et une dernière bosse (et pas des moindres) en arrivant à Xonrupt, et nous voilà justement à Gérardmer. J'aborde la montée de Liezey avec confiance car je la connais, et je sais que derrière m'attendent des portions roulantes jusqu'au finish. Pas de grosses surprises, si ce n'est quelques détours pour nous rappeler constamment que ce tracé n'est pas là pour nous faciliter le travail... J'arrive sur Epinal par la voie cyclable du canal (bon point : pas besoin d'éviter les autres cyclistes et piétons à 05h du matin), et livre mes dernières forces dans la bataille pour affronter la côte du château. Insignifiante au vu de l'ensemble du parcours, mais pesante tant les jambes se font lourdes sur la fin. Je sais que l'arrivée est juste derrière, alors je ne calcule plus. Je rallie finalement l'arrivée à 04h47, soit 23h04 après mon départ (ce qui me permet d'avoir temporairement le record de l'épreuve). J'ai finalement parcouru 412 kms au lieu des 397kms affichés. Je suis extenué mais satisfait d'avoir gardé ma détermination intacte, malgré les imprévus et les obstacles. Car s'il y a bien une chose à retenir sur la Route des Sagards, c'est qu'aucun plan ne sera parfait si l'on ne sait pas y mettre les adaptations nécessaires (météo, matériel, physique, mental).